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Accueil » Blog » Les rencontres de Butterfly – Nati Nature, reconversion totale !

par | Sep, 22 2023

Nati Nature –  » Mon changement de vie, d’urbaniste surbookée à illustratrice nomade »

Natinature, c’est une aquarelliste nomade, qui promène ses pinceaux entre la France, le Portugal et l’Espagne, en mode slow travel (tente et sac à dos) et découverte des cultures et paysages. Olé ! Un vrai portrait de mag… Mais dans la vraie vie, ça se prépare comment, une reconversion aussi radicale ?

Qu’est-ce qui a créé les raisons de cette reconversion, dans une vie qui était pourtant déjà remplie, riche de sens et d’engagements ?

Et bien justement, je pense qu’elle était trop remplie ! (rires)

Je pense qu’il y a eu une impression de saturation qui est assez partagée autour de moi. Je ne suis pas un cas isolé ! J’étais très impliquée dans mon travail d’urbaniste travaillant pour le clan climat, pour accompagner les territoires à la transition, en organisant des événements autour de l’espace public et des nouvelles pratiques d’aménagement. 

C’étaient des sujets absolument passionnants, donc ça m’a pris beaucoup de temps pour réaliser que je n’étais pas exactement à la bonne place. Pas loin mais pas exactement à la bonne place

Cela a été difficile à admettre, car c’était le résultat d’une reconversion réussie entre mon premier job de graphiste vers l’urbanisme à 30 ans : j’avais enfin trouvé ma place dans ce milieu et même plus que ça, d’avoir été reconnue dans ce milieu, d’avoir des missions très chouettes. Du coup, il a été très difficile de repérer qu’il y avait un changement à opérer.

Mais ce niveau de pression, de charge mentale et de sédentarité forcée me posait problème car j’avais besoin de plus bouger, d’être plus dehors et de redonner plus de place à la créativité. 

Début 2018, j’ai posé que je ne ferais pas ce métier pour toujours. J’ai demandé une rupture conventionnelle au printemps 2021, 3 ans après. 

3 ans de transition ! C’est long, vu de loin ! Quelles ont été les étapes ?

Pendant ces 3 ans, j’ai vraiment essayé d’éviter ce départ, qui me faisait peur pour plein de raisons.

Du coup, j’ai essayé de développer des side projects, d’abord en passant à 90%, puis en prenant des congés sans solde chaque année. Je me suis lancée dans un projet de film documentaire sur les intrapreneurs qui font bouger les lignes à l’intérieur des entreprises. Ça a bien marché pendant 2 ans, j’y ai consacré pas mal de temps pendant mes vacances et temps libre. 

En 2019, cet équilibre a très bien marché. 

Par contre, en 2020, au bout de 2 mois de congés sans solde, je n’avais aucune envie de revenir. J’étais à fond dans le projet de film, et le décès de mon père malade depuis 20 ans, a accéléré un peu cette prise de conscience : est-ce juste de se forcer à retourner dans un emploi à quasi temps plein pour faire quelque chose qui n’est pas 100% aligné ?

A partir de ce moment, ça a été assez facile de prendre la décision : je ne savais pas ce que je ferai après, mais je savais que j’allais partir. 

Et comment on acte cette décision sans avoir trop la frousse ?

Il y a 2 choses : Comment on arrive à partir quand on a construit une carrière sur 10 ans, que tout se passe bien (je venais d’être augmentée, encore plus reconnue) ?

C’est difficile de dire : “je veux partir.” On a peur de décevoir… 

Pour moi, j’ai dépassé ce sentiment en organisant mon départ. Je me suis dit ; “je veux partir, mais pas n’importe comment…” parce que je suis dans une situation où j’ai tous les feux au vert… et je ne suis pas sûre que ce soit à nouveau le cas. D’abord, il fallait mettre en place la suite. J’ai assuré mes arrières en m’achetant un studio tant que j’étais en CDI. Quand ça a été fait, j’ai senti un feu vert. 

Et puis, vis-à-vis de mon employeur et des collègues : je les ai prévenus très en avance, quand j’étais encore capable de bien faire mon travail et d’assurer une transition. 

Une fois qu’on a posé cette décision de partir, d’autres questions jaillissent… Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? 

J’avais commencé à faire des ateliers autour de l’ikigaï, qui découlaient de mes propres recherches. J’avais cette nouvelle corde à mon arc, qui me plaisait bien, qui apportait une nouvelle thématique. je m’étais dit que je pourrais faire ça, car j’étais très sollicitée là-dessus pour accompagner des salariés. Ma ligne de conduite était que j’allais me reconvertir dans l’accompagnement de salariés en transition, pour les accompagner à monter leur projet pro. Je croyais vraiment que j’allais faire ça !

En fait, quand la fin du contrat a approché, j’ai senti que j’avais vraiment besoin de ce que j’appelle un VIDE FERTILE, c’est-à-dire de ne pas garder d’activité et d’engagement pro, parce que j’en avait eu tellement. 

Cela faisait 6 ans que j’étais occupée non stop, au travail et dans le milieu associatif, avec de la coordination, le tél et les emails qui débordent en permanence. Ce dont j’avais le plus envie, c’est de n’avoir aucun engagement. Le rêve ultime ! (rires)

“FAIRE DE LA PLACE DANS UN AGENDA VIDE ET VOIR CE QUI EMERGE”

J’adore cette notion: si on arrête tout, qu’est-ce qui rejaillit ?

Ça a bien commencé. Je me souviens d’avoir lu le livre de Rob Hobkins “Et si” qui me faisait de l’œil depuis un an et demi sur l’étagère du salon et dont je n’avais pas eu le temps de lire une seule page… La frustration ! Je m’étais dit : “La première semaine, je veux lire ce livre !” Là, c’était mon intuition qui parlait : je savais que j’avais besoin de lire ce livre !

Et en effet : il parle du fait que faire évoluer les imaginaires est une pierre angulaire de la transition écologique et ça m’a énormément parlé, vu que le fil conducteur de toutes mes activités, c’est la transition écologique. Mais il m’a donné un angle intéressant : il y a peut-être d’autres façons de contribuer à ma cause: est-ce que je suis obligée d’être chef de projet pour le faire ? Comment aider autrement ?

Comment as-tu rempli ce temps de « vide fertile » ?

Des gens autour de moi faisaient de l’aquarelle le week-end. Je me me suis rapidement prise au jeu…

J’allais aussi à la médiathèque régulièrement : cela faisait partie du vide fertile. Fureter dans les rayons et voir au pif ce qui intuitivement me donne envie d’attraper un livre ou un mag, sans thème préalable. J’ai emprunté énormément de choses en lien avec le vivant, la nature, les loisirs créatifs, un peu comme un retour en enfance, en mode “copain des bois”. Passer du temps dans la nature et fabriquer des choses avec ce qu’on a. Coup de cœur vers ce mode de vie très simple, minimaliste, un peu aux antipodes de ma vie de cadre, qui passe son temps dans les bureaux, qui organise 50 réunions par jour et en reporte tout autant…

Là, j’ai compris : je ne suis pas quelqu’un d’ambitieux qui a besoin d’être sur le devant la scène, d’avoir des responsabilités, d’avoir toute cette charge à porter. Ça ne m’apportait rien personnellement. J’étais là parce que j’étais utile et que les autres étaient contents.

Pour ça, l’outil de l’ikigaï est vraiment bien. En faisant mon ikigai puis en transmettant l’outil autour de moi, ça a été clair pour moi que mon cercle de kiffs était délaissé. J’avais déjà réussi à croiser mes talents et mes causes.

C’est une chose intéressante: tu es partie d’un espace déjà riche… mais ce n’est pas suffisant. Si on se laisse soi en chemin, est-ce que ce n’est pas la route directe vers le burn-out ?

Mon mental disait “tu vas pas partir, tu es à un endroit où tu as aligné talents et cause, ça se passe super bien, tu as beaucoup à faire, les gens sont contents, ça se passe bien avec les collègues, maintenant bien payée, reconnue”… C’est quoi, ton problème ? Tu devrais être ravie !”

Mes moteurs, c’est harmonie, bienveillance, simplicité, simplifier, fluidifier… Je ne les retrouvais pas dans mon boulot.

Au début, j’avais pas compris: je m’étais dit, le fait que ce soit là, je vais les faire pendant mon temps libre; alors qu’en fait, ils faut qu’ils soient partout dans ma vie ! Cette dichotomie très marquée d’un temps pro / temps perso convient à certaines personnes, mais pas à moi. 

Quand ça a émergé, j’ai dit à ma collaboratrice ikigaï “finalement, je ne peux pas avoir d’engagement”, et, heureusement, elle l’a bien compris !

Et comment on fait émerger un projet  à partir de ce vide créatif ?

CE TEMPS D’EXPLORATION est indispensable : je me suis promis de ne pas lancer de projet pro pendant au moins 6 mois. INTERDICTION FORMELLE de répondre à une sollicitation, de prendre un engagement !

Ça m’a dégagé suffisamment de disponibilité d’esprit pour voir quoi faire avec ce qui émergeait.

J’avais en tête le bouquin de Rob Hobkins, que j’ai eu la chance de lire tôt dans ce vide créatif : je savais que c’était vers là que je voulais aller. Je vais prendre le temps d’apprendre ::

  • des techniques
  • à entreprendre
  • ce qu’est le métier d’illustrateur si je pense aller vers ça.

A un moment, j’ai été tentée vers les low tech, cela aurait pu être une autre orientation. Mais j’ai croisé mon ikigaï et les besoins de ce secteur (présentiel, animation de groupe…); c’était super intéressant, mais cela ne me correspondait pas. D’ailleurs, au bout de 10 jours de festival, j’étais vidée de mon énergie : cela m’a confirmé que j’ai vraiment besoin d’une activité calme, créative. 

En fait, parfois nos talents nous piègent ?

C’est un des gros problèmes de ma vie pro, et dans lequel se reconnaissent beaucoup de multi-potentiels. Du coup, vite fait de nous faire happer sur des choses qui en fait ne sont pas au cœur de notre zone de génie. En fait, on le ressent, mais c’est très difficile à percevoir et à exprimer parce que tu sens que c’est facile et que les gens sont contents…

Et la vie nomade ? C’est assez quand même assez extrême comme changement !

Je ne suis pas une tête brûlée. Du coup, je fais beaucoup de transition, j’ai besoin de préparer.

Pour la vie nomade, j’y suis allée étape par étape ! 

D’abord, je suis partie en vacances (stage de voile, randonnée avec carnets de voyage) en imaginant tester un semi-nomadisme (demi-saisons à Lyon, été en Bretagne, hiver au soleil). Je voulais voir les hasards des rencontres… Et puis, j’ai rencontré Sam, musicien nomade, en partance pour un voyage au long cours.

Et je me suis dit : “Peut-être le moment de faire ce voyage dont j’ai toujours rêvé, partir en me disant je sais pas quand je reviens…”

J’ai trié mes affaires, rendu ma coloc’… Toutes mes affaires tiennent dans un kangoo !

Ça m’a fait un bien fou de ne plus avoir beaucoup de choses matérielles ! Tout ce qui est important tient dans mon sac à dos de 70L.

 Ça fait un an que je vis comme ça, et rien ne me manque. C’est quelque chose qui m’avait toujours fait envie et pour l’avoir vécu, je comprends pourquoi. 

Ça enlève une charge mentale dingue : c’est facile de s’habiller le matin. Tu sais ce que tu as. Tu sais quand faire la lessive…Tu peux te concentrer sur ce qui t’intéresse vraiment. Le côté artistique. Les rencontres. La découverte de nouveaux lieux, de nouvelles musiques et pratiques artistiques. C’est très stimulant. Les paysages, les gens, les cultures changent, même si on voyage très lentement : pas moins de 3 mois dans chaque pays.

Comment voyagez-vous ?

On est des éco-voyageurs (on cherche l’empreinte la plus basse possible: bus, covoiturage… On a fait le choix de ne pas avoir de van pour être vraiment immergés dans les langues locales (espagnol, anglais, français). Le mode de vie tente + bus/covoiturage/stop combiné parfois avec des auberges de jeunesses améliorées nous permet un max de liberté au niveau de la pression financière qui était un de mes objectifs de vie. 

Là encore, je m’y suis habituée progressivement. Quand je travaillais encore, j’étais passée d’abord à 90%, puis j’ai pris beaucoup de congés sans soldes: j’avais déjà adapté mes dépenses… jusqu’à adopter un mode de vie qui ne nécessite pas plus de 700 à 1000 euros par mois, atteignables avec une activité indépendante et de fonctionner avec des missions tout au long de l’année…

Comment crées-tu une activité en étant déjà sur la route ?

Comme l’entreprenariat m’avait toujours passionnée (j’avais déjà créé une entreprise à 25 ans), je m’étais déjà renseignée pendant les 3 ans avant mon départ vu mon envie de semi-nomadisme. Je ne partais pas de 0 !

Quand j’ai décidé de me spécialiser dans l’illustration, j’ai commencé à suivre des gens qui avaient 2 ou 3 ans de parcours de plus que moi.  

C’est un de mes conseils quand on se lance dans une nouvelle activité : il est indispensable d’avoir des modèles, mais c’est mieux de ne pas viser trop haut et de se comparer en permanence avec des parcours d’illustrateurs qui ont 15 ans de carrière !

Si on se rapproche de modèles qui ne sont pas si loin devant, cela reste motivant : j’interagis beaucoup avec elles, je fais leurs micro-formations (vive le bus !) : des méthodes pas à pas, transposables… Comment créer une entreprise individuelle, marketing, stratégie de comm en ligne etc…

Je suis assez confiante car je sais que je fais les choses dans le bon ordre Ça prendra peut-être du temps mais comme on a réduit notre niveau de vie, il n’y a pas de grosse pression.

Dans les périodes de transition, il faut accepter que tout n’est pas instantané.

J’ai repris les pinceaux il y a un an et demi: je dois refaire un portfolio, il est normal que ça prenne du temps pour mettre en place nos activités, et accepter que parfois la transition passe par des compléments d’activités (missions autres pour faire rentrer un peu d’argent pour mes frais). 

J’ai ma vision long terme qui est : « Je contribue à aider les acteurs du changement engagés pour l’écologie et l’écotourisme via la création des imaginaires”

Sous quelle forme veux-tu proposer ça ? Comment aider à transformer les imaginaires par les images ?

Je veux aider les gens à se projeter dans une vision positive dans la transition écologique. 

On est nombreux dans cette mouvance, chacun.e avec son style et son background. C’est très stimulant de voir ce que les autres font, d’échanger des idées.

Moi j’aime bien tout ce qui est pédagogique et ludo-éducatif. Je veux contribuer à rendre plus claire et immédiate la vision de certaines choses (forêts, éco-tourisme,..).

Je vais aider mes clients / lecteurs à réfléchir à leurs vrais besoins : par exemple, au lieu de prendre un billet d’avion pour l’Inde comme ma collègue, est-ce que je n’irais pas plutôt dans ce magnifique camping d’Ardèche, contribuer à l’économie locale et enfin me reposer et lire, au lieu de prendre l’avion, m’épuiser dans des bus pour trois photos sur insta et un retour plus fatiguée que jamais ?

Depuis 2015, je suis cycliste, randonneuse, voyageuse sac-à-dos… Je profite des pays limitrophes et j’en vois pas la fin ! Je veux continuer à vivre comme ça ! Alors, je suis bien placée pour savoir à quel point ça fait du bien ! 

Pour suivre Nati Nature:  

sur son site : www.natinature.fr

sur instagram ; @natinature_art

Pour aller plus loin 

Article : Les 6 conseils de Nati Nature pour changer de vie

Article : Ikigaï, mon ami

Livre :

Et si… de Rob Hopkins

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