Repenser la Valeur du Travail : Entre Emploi et Épanouissement Personnel
La question récurrente (voire agaçante) « Et toi, tu fais quoi dans la vie? » reflète la perception traditionnelle du travail comme définissant notre identité. Cependant, les évolutions récentes suggèrent une remise en question de cette notion. Alors, le terme “valeur travail” vous évoque-t-il encore langue de bois et mal de tête assuré ? Et pourtant, cette fameuse valeur du travail s’invite au cœur du débat politique, et vient nous questionner sur le sens que nous donnons au travail. De l’évolution du sens du travail et ses nouvelles perspectives aux quelques questions à se poser pour savoir où se situe notre valeur travail : personne ne pourra nous traiter de paresseux ! C’est parti…
L’évolution du rapport au travail
Dans un grand sondage IFOP 1 pour Les Makers, près de la moitié (45%) des personnes interrogées ne se rendent au travail que pour le salaire qu’elles en retirent. Un chiffre en nette augmentation puisqu’en 1993, ils n’étaient qu’un tiers (33%) à indiquer que l’argent était leur principale motivation.
Le Covid a accentué les phénomènes de grande démission, particulièrement chez les jeunes et les femmes.. Il a aussi mis en lumière cette tendance de quiet quitting, tous ces salariés qui se contentent de faire le strict minimum. C’était difficile à imaginer il y a quelques années: qui aurait osé refuser les heures supplémentaires, les réunions à des heures tardives ou les consignes qui sortent de la fiche de poste ? Il fallait “travailler dur” pour réussir, et être fier des efforts et des sacrifices liés au travail. Le burnout et la souffrance au travail étaient des notions taboues… C’est n’est plus le cas : En effet, selon la même enquête, plus de 4 salariés sur 10 font « juste ce qu’il faut » lorsqu’ils sont au travail.
Le travail est vu comme une contrainte, rarement comme un lieu d’épanouissement ou d’affirmation personnelle. On travaille pour gagner sa vie, point. C’est souvent un espace de mal-être, ce qui renvoie à l ’étymologie latine du mot travail (tripalium) qui était un instrument de torture…
N’hésitez pas à parcourir notre article sur la grande démission au féminin.
Distinction entre “valeur travail” et “valeur emploi”
Comment place-t-on le travail dans sa vie ? Dans sa culture ? Dans sa société ? Est-ce la même chose que l’emploi ? Comment différencier les deux? La “valeur travail” mise en avant par certains politiques est-elle vraiment uniforme et définissable ?. Pour la philosophe Céline Marty, cette notion interroge “l’organisation de notre modèle social fondé sur le travail”.2 Dans son livre “Travailler moins pour vivre mieux”, elle repense notre vision à l’emploi et au productivisme.
La “valeur du travail”, dans son sens large, est génératrice de bien-être
Il y a en fait bien des activités génératrices d’activités et de sens qui ne sont pas comprises dans le terme “emploi” et qui pourtant contribuent à l’évolution sociétale et personnelle. La productivité de quelqu’un est-elle liée seulement à une activité salariée ?
Par exemple, un retraité sur trois s’engage dans une association au moins une fois par semaine, sans compter les heures de garde des petits-enfants ou leur investissement dans bien des projets qui génèrent de l’emploi.
Cela soulève des interrogations sur la valeur attribuée aux activités non rémunérées et sur la nécessité de reconsidérer notre compréhension de la « valeur travail ».
Ce n’est clairement pas le cas, et cela veut dire que la fameuse “valeur travail” n’est pas forcément liée à un emploi. Si on parle de la “valeur travail” dans sa valeur large, la plupart des gens expriment un besoin de contribuer à l’évolution de la société, à continuer à évoluer et à se former, pour leur bien-être personnel et pour leur implication, que leur travail soit rémunéré ou non.
Pour certains philosophes, c’est le signe qu’il y a une confusion des politiques par exemple, qui parlent de “valeur travail”, alors qu’ils devraient parler de “valeur emploi”. “La valeur travail”n’est qu’une formulation qui relève d’une idéologie, la leur, qui consiste à transformer une activité humaine nécessaire en une prétendue valeur morale qui n’en est pas une mais qui leur sert à culpabiliser ceux qui n’adhèrent pas à leur idéologie.” dit des politiques Bertrand Mertz dans un article de Blast.
La “valeur de l’emploi” est liée à une vision purement productiviste de l’économie. Celui qui n’a pas d’emploi n’a pas de place dans la société… C’est une vision qui date de la naissance du terme « valeur travail »
En fait, d’où vient-elle, cette formule de « valeur travail » ?
La valeur-travail, une valeur économique
Historiquement, cette perspective s’inscrit dans une vision très productiviste du travail.
Au sens économique du terme, la valeur-travail “désigne l’analyse qui voit dans le travail, et dans le travail seul, la source unique de valeur, si bien que, à l’équilibre, l’échange entre deux biens doit s’effectuer au prorata des temps de travail incorporés dans chacun. Au sens philosophique du terme, désigne plutôt la place que tient le travail dans la société : détermination du statut et du rôle social de chacun.” (définition d’Alternatives Economiques)
Cette approche théorique vient des économistes classiques (comme Adam Smith) ou marxistes (comme Marx ou Engels) et bien entendu, elle est depuis très contestée, notamment par les penseurs de l’école néo-classique (comme Karl Menger) : pour eux, la valeur d’un objet est forcément subjective… En effet, si la valeur d’un objet dépendait uniquement du travail fourni, on paierait le même prix une robe haute-couture et une robe de notre voisine couturière, du moment qu’elle a mis le même temps pour la faire ! Et l’employé d’une grande entreprise gagnerait autant que son patron…
Ce n’est pas tout à fait le cas, c’est le moins qu’on puisse dire… Selon l’économiste Philippe Villemus, la valeur du travail dépend surtout de la rareté du travailleur. Dans son livre Le patron, le footballeur et le smicard, où il aborde la pyramide des rémunérations en France, il explique le « paradoxe du footballeur et de l’infirmière »: les footballeurs stars sont mieux payés que les infirmières, parce qu’ils sont plus rares.
La valeur travail, une valeur morale
Néanmoins, cette naissance économique de la valeur-travail a entraîné la création de la “valeur travail” comme une valeur morale selon laquelle le travail est constitutif de l’essence humaine ! Cette valeur permettrait de mesurer l’apport de chacun à la société, et l’importance de la rémunération générée. C’est cette valeur morale de la notion de travail que se déchirent les partis politiques, chacun revendiquant d’être le porte-parole d’une partie des travailleurs…
Une valeur de toutes les couleurs politiques
Si la “valeur travail” est une valeur historiquement revendiquée par le droite (Emmanuel Macron a fait campagne comme “candidat du travail” et fustige les chômeurs, qui ne font pas assez d’efforts, puisqu’il suffit de “traverser la rue” pour trouver un emploi). Mais les gauches ne sont pas en reste, et se revendiquent tout autant comme partis “des travailleurs”. La lutte des classes est un fondement des partis socialistes et communistes, la révision des droits sociaux liés au travail fait partie des terrains de campagnes des partis écologiques et alternatifs.
Et quand on revient plus loin dans l’histoire, résonnent les tristement célèbres “Travail, Famille, Patrie” du pétainisme, directement inspiré par “Arbeit macht Frei” (le travail rend libre), affiché au fronton des camps de concentration nazi, tandis qu’au même moment l’URSS exacerbait l’archétype du travailleur productif dévoué à un Etat tout puissant…
C’est donc un mot teinté de nuances et de d’échos historiques, (et encore, on ne s’est pas penchés sur la vision gréco-latine du travail, ou les origines chrétiennes de la société productiviste)… Mais déjà, on comprend mieux pourquoi il est devenu synonyme de propagande et de langue de bois !!!!
Vers de Nouvelles Perspectives d’emploi
Alors, pour résumer, l’emploi est une des bases de l’économie: il oriente nos existences, qu’on soit en emploi ou pas. Sans emploi, comment se tisse l’insertion sociale ? Comment définir notre rôle dans la société ?
Si la grande majorité des gens s’insèrent dans une logique d’emploi plus classique, certain.e.s choisissent de bifurquer de de trouver des réponses alternatives… Certains individus optent pour des voies alternatives, telles que l’indépendance financière, la retraite anticipée, ou des modes de vie alternatifs, comme illustré par le cas d’Aline, qui travaille en Suisse pendant la saison hivernale. Le reste de l’année, elle voyage dans des pays peu coûteux ou vit à la campagne sans dépenser beaucoup. Quatre mois de travail intense lui suffisent pour profiter du reste de l’année: “Cela correspond beaucoup plus à mon rythme personnel. Bien sûr, je n’ai pas d’enfants, ni de projet immobilier, et je vis frugalement Pour le moment, ce mode de vie me convient… Mais ce n’est pas toujours facile d’en parler autour de moi !”
Cette diversité de choix pose la question de la place de l’emploi dans la construction sociale.
Vous pouvez aussi aller voir le parcours de Nati Nature qui a quitté un emploi à temps plein pour une vie de digital nomade : voir l’article
Les Défis Actuels
Selon une étude menée en 2018, seulement 8% des Français sont heureux de se rendre au travail chaque matin, soulignant ainsi un défi majeur dans la satisfaction professionnelle. Ce désintérêt pour le travail, accentué par la pandémie, souligne la nécessité de repenser son rôle dans nos vies.
Dans un contexte de crise, avoir un emploi est toujours synonyme de sécurité financière, et semble souvent indispensable pour garantir une vie décente. Même si on n’est pas heureux d’aller travailler, on est contents d’avoir “la sécurité de l’emploi”.
Qu’on les appelle des travailleurs acharnés, “workalcoolic” ou “bourreaux de travail”, les partisans du “travailler toujours plus” n’ont plus la côte… Alors qu’avant, l’emploi était indispensable pour présenter une vision du succès, il semble devenu un élément aliénant de notre vie, générateur de burnout et de dépression pro.
Selon Gautier Jardon de l’IFOP, “l’étude de l’IFOP confirme donc l’analyse de certains experts pour qui ” ce qu’il y a d’exceptionnel aujourd’hui, ce sont les causes des démissions et des difficultés de recrutement (…) liées au refus de mauvaises conditions de travail. Et, en particulier […] à la perte de sens du travail.”
Si on vous retourne la question : que représente le travail pour vous ?
« On a un droit à la paresse, on a un droit à la transition des métiers, on a le droit aussi de faire des pauses dans sa vie » dit, de façon mordante, la députée Sandrine Rousseau. Faire une pause pour mieux décoller ? Réfléchir comment la “valeur travail” s’incarne-t-elle dans votre vie ? Est-ce que vous continueriez à travailler si vous touchiez des revenus indirects ou si deveniez rentiers ?
Il est intéressant de se poser cette question régulièrement, pour mieux percevoir quel est le sens de notre engagement pro. Si vous ressentez une trop grande tension entre vos valeurs et votre quotidien pro, trop de stress et de tension, il est peut-être temps de vous réinterroger ce qu’est, pour vous, la valeur travail, et quelles sont vos priorités à ce moment de vie.
Quelques questions à se poser
- Comment est-ce que je me sens dans mon emploi actuel ? Est-ce que mon équilibre vie pro – vie perso est respecté ?
- Suis-je dépendant d’un emploi pour survivre ? Ou puis-je par exemple penser à une reconversion, une formation, un temps de chômage ?
- Pourrais-je trouver éventuellement un emploi dans une entreprise qui me conviendrait mieux ?
- Quelle activité “pro” poursuivrais-je si l’argent n’était plus mon seul moteur ? Y a-t-il moyen d’en faire un métier ?
- Combien de temps dois-je travailler pour gagner ma vie décemment ?
La plupart des salariés, malgré leur désenchantement vis-à -vis du travail, voudraient redonner du sens à leur vie pro et seraient prêts à s’engager dans une reconversion qui leur permette de se sentir en adéquation avec leurs valeurs…
Beaucoup d’entreprises changent leurs stratégies d’embauche
De nombreuses entreprises reflètent ces changements : elles valorisent les salariés impliqués. Elles leur donnent la possibilité de s’intégrer plus dans l’entreprise, d’en devenir actionnaires par exemple.
Elles prennent en compte les impératifs liés à l’équilibre vie pro-vie perso et le bien-être au travail, en décalant certaines réunions, en apportant une plus grande flexibilité, notamment vis-à-vis des horaires de travail (avec le télétravail notamment), mais aussi les congés (congé parental, congé menstruel…) et la possibilité de passer en temps partiel.
Mais comment l’intérêt d’une entreprise pour ses salariés peut-il être mesuré, au-delà de l’effet d’annonce de l’installation d’un nouveau babyfoot ou de l’intervention d’un chief happiness ? Comment être sûr que l’entreprise de nos rêves va au-delà du “green-washing” ou du “happy washing” habituel ? Comment s’assurer que l’on postule dans une entreprise qui prendra en compte nos valeurs ?
C’est de ces questions qu’est née l’appli Butterfly Job !
C’est en faisant l’expérience de cette inquiétude que nous avons rêvé d’une application qui nous permette de nous tourner vers des entreprises engagées, qui recherchent des salariés pour leurs valeurs autant que pour leurs compétences.
AMIE, notre IA, se fonde sur les réponses aux questions, et les croise avec les réponses des entreprises, mais aussi avec les avis des anciens et actuels salariés de l’entreprise pour vous proposer des listes d’entreprises qui collent au mieux à vos critères et valeurs. Pas besoin de baguette magique, AMIE résulte de nombreuses années de travail sur les questions pour permettre ces matchs ! Qui dit “valeur”, dit aussi un résultat très personnalisé.
Conclusion
La « valeur travail » est en mutation, posant des défis et des opportunités. Les questions posées sur la signification personnelle du travail, la nécessité de redonner un sens à nos activités professionnelles, et la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, sont autant d’invitations à la réflexion.
En définitive, la question persistante de la valeur du travail nous conduit à repenser notre approche du travail et de l’emploi, à explorer de nouvelles voies et à trouver des réponses qui correspondent à nos aspirations personnelles. Rendez-vous sur www.butterfly-job.com pour explorer de nouvelles perspectives dans votre parcours professionnel. A votre rythme, que ce soit la course d’un guépard ou le pas tranquille d’un paresseux !
Pour Aller Plus Loin :
- Étude IFOP : lien vers l’étude
- Bénévolat, politique locale, gardes d’enfants… La réforme des retraites peut-elle déstabiliser la société française ?, France info : lien vers l’article
- Livre de Céline Marty : « Travailler moins pour vivre mieux » (Dunod)
- Article de Blast : lien vers l’article
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